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Yves Morel, notre expert Espaces Verts chez RACINE était sur le terrain avec Olivier Morant - Sté NUFARM, pour la présentation d'une solution 100% naturelle et efficace pour lutter contre la chenille processionnaire : " le Phéroball "

 

Face à la prolifération de l’urticant lépidoptère velu, des solutions existent. Dans le Var et les Alpes-Maritimes, de plus en plus de collectivités et particuliers ont recours au "Phéroball". Un système plutôt innovant, complètement bio, et qui donne des résultats concrets. Démonstration...

L’arme est chargée. Remplie de munitions qui n’attendent plus qu’à atteindre leur cible. Contrairement aux apparences, Olivier Morant ne s’apprête pas à participer à une grande partie de paintball. Avec son gilet orange fluo sur le dos et son fusil en bandoulière, le responsable de la division espaces verts de la société Nufarm, qui commercialise le "Phéroball", est pourtant bel et bien en mission. Ou, plus précisément, en pleine démonstration.

Son objectif: lutter contre la prolifération des chenilles processionnaires qui rongent les pins à petit feu et empoisonnent la vie des humains qui ont le malheur de trop s’en approcher.

De nombreuses collectivités varoises et azuréennes ont déjà adopté le procédé, comme La Farlède, Hyères, Toulon, La Londe, Draguignan, Bormes, Six-Fours, Pégomas, Mougins, Nice, Cagnes-sur-mer, Èze ou encore la Communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée…

La bille est composée d’eau, de cire et de phéromone. G.A. - Photo - Var Matin

 

La solution: la confusion sexuelle

A cette période de l’année, les maudits lépidoptères n’ont pas encore pointé le bout de leurs antennes. C’est donc maintenant qu’il faut intervenir, "entre juin et début juillet". Car le principe du "Phéroball" consiste justement à anticiper la reproduction des Processionnaires du pin. "Le mâle est programmé génétiquement pour se reproduire et retrouver vite la femelle puisqu’il ne vit que 24 heures", éclaire Olivier Morant.

Alors, comment faire pour éviter la reproduction? Comme d’autres spécialistes de la lutte, la société Nufarm mise sur le principe de la confusion sexuelle. Pour faire simple, on est à l’opposé de ce que proposent les sites de rencontre sur internet, puisque l’idée est tout simplement d’empêcher le mâle d’atteindre la femelle.

On proposerait bien à Hollywood de tester le truc pour éviter des ennuis à certains et surtout certaines, mais pour l’heure, Olivier Morant a un pin dans le viseur de son canon.

Les poils urticants et allergènes de la chenille peuvent causer des dégâts chez l’homme et les animaux. MaxPPP - Photo Var Matin

Bruit de détente. La bille s’extrait du fusil à près de 100 km/h et explose instantanément au contact de l’arbre. Elle est composée d’eau, de cire et de phéromone. "Lorsqu’elle éclate sur les branches - on ne tire jamais sur les nids - le gel se dépose un peu partout et va sécher sur le pin pour diffuser la phéromone pendant quatre mois", détaille Olivier Morant.

 "C’est 100% naturel. Il n’y a rien de phyto là-dedans"

L’atmosphère ainsi saturée, les chenilles seront complètement désorientées. Et donc incapables de s’accoupler… 

L’affaire est on ne peut plus écologique. "C’est 100% naturel. Il n’y a rien de phyto là-dedans", croit bon de rappeler le spécialiste de l’insecte processionnaire. Il s’agit en effet d’un simple biocide qui vient d’être homologué pour une durée provisoire de 2 ans par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et du travail (Anses), avant son homologation définitive prévue en mai 2019. 

"Surtout, précise Yves Morel, conseiller agronome préconisateur chez Racine à Saint-Cyr sur mer, c’est une phéromone spécifique aux processionnaires qui n’a donc aucun impact sur les autres espèces".

G.A. - Photo - Var Matin

Un problème de santé publique

Et Olivier Morant d’ajouter: "On n’anéantit pas la chenille, on réduit juste sa présence dans les zones sensibles en ciblant les abords des crèches, des écoles, des hôpitaux ou des villas…" 

Car l’invasion des lépidoptères ne menace pas seulement nos forêts de feuillus et de résineux. Ses poils urticants et allergènes peuvent causer bien des dégâts chez l’homme (atteintes cutanées, oculaires ou respiratoires) ou chez les animaux (nécroses de la langue et œdèmes…) Si bien qu’aujourd’hui, la question est traitée comme un véritable "problème de santé publique". Qu’il faut combattre à la racine.

Il faudrait, selon l’expert, "entre 4 et 7 billes" pour traiter un arbre isolé, "en fonction de sa taille et sa configuration". L’avantage du paintball, par rapport aux techniques conventionnelles, c’est qu’il permet d’intervenir rapidement et efficacement dans des zones difficiles d’accès. "Là, déjà, pas besoin de nacelle pour poser les pièges".

G.A. - Photo - Var Matin

Ensuite, "un seul traitement suffit" à obtenir des résultats concrets. "Au bout d’un an, résume Olivier Morant, on constate que les nids ont baissé d’environ 80% dans les zones traitées". Il ne reste plus qu’à "renouveler le traitement une fois par an pendant trois ans" pour obtenir un résultat qui flirte avec les 100% d’efficacité.

Des résultats concluants

Testé aussi bien dans le Var que dans les Alpes Maritimes, le dispositif a fait ses preuves auprès des experts. Jean-Claude Martin, ingénieur de recherche à l’Inra-Paca, reconnaît avoir été séduit par le "Phéroball" lors de son expérimentation au col d’Èze (avec le soutien du Conseil départemental des Alpes-Maritimes).

 

"Il s’adresse aussi bien aux collectivités qui peuvent former leurs agents municipaux au dispositif qu’à des particuliers qui peuvent, eux, se tourner vers des professionnels paysagistes agréés."

Le membre de l’unité expérimentale entomologie et forêt méditerranéenne estime en effet que "les résultats sont tout particulièrement intéressants en zone urbaine". Même si lui parle plus, dans son cas, d’une diminution du nombre de nids de "50 à 75 % la première année", à raison d’une trentaine de billes utilisées par arbre. Sachant que le coût de ladite bille tourne autour de 5 euros…

G.A. - Photo - Var Matin

Le procédé permet également aux collectivités de s’attaquer à des zones plus vastes. Là, mieux vaut toutefois compter entre 200 et 300 billes pour traiter un hectare. L’utilisation du biocide est en revanche réservée aux professionnels. Mais comme le précise Olivier Morant, "il s’adresse aussi bien aux collectivités qui peuvent former leurs agents municipaux au dispositif qu’à des particuliers qui peuvent, eux, se tourner vers des professionnels paysagistes agréés."

Si l’efficacité du "Phéroball" est désormais prouvée, cela ne remet pas en cause les autres méthodes de lutte de la Processionnaire du pin. Comme le traitement au bacillus, les pièges à chenilles classiques ou les nichoirs à mésange qui ont, eux aussi, obtenu des résultats concrets.

 

Une arme de paintball pour lutter contre les chenilles processionnaires from Groupe Nice-Matin on Vimeo.

Photos - Var Matin