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À L’HORIZON
Visite guidée en agroécologie…
Le soir tombe sur le domaine de l’Escarelle, à la Celle. Sur une parcelle, Bruno Pèbre et Cédric Moniquet,
respectivement responsable du développement technique et technico-commercial chez Racine, répondent
aux questions d’une douzaine de viticulteurs. Sujet du jour : l’enherbement. Certains le pratiquent et le
défendent avec enthousiasme. D’autres ont essayé, mais y ont renoncé pour diverses raisons. D’autres encore
sont sceptiques, mais curieux… Les questions fusent : quand détruire la partie aérienne pour éviter qu’elle
n’entre en concurrence avec la vigne ? Doit-on préférer l’enherbement temporaire ou permanent ? Naturel ou
maîtrisé ? Sous le rang ou inter-rangs ?... Et très vite, à travers les réponses, apparaissent d’autre thèmes : la
protection contre le gel ou la sécheresse, la biodiversité… Car l’agroécologie, c’est une approche globale, un
ensemble… Difficile donc de compartimenter les pratiques, tant les interactions des unes avec les autres sont
multiples. « Dès que vous actionnez un levier, d’autres se mettent à fonctionner simultanément », résume Serge
Gombert, responsable production du Château Calissanne, à Lançon de Provence. Essayons quand même…
L’ENHERBEMENT : BIEN SOUS TOUS dans la partie souterraine, souligne Bruno Pèbre. Les plantes
RAPPORTS exploitent toutes les anfractuosités pour développer leurs racines.
Elles créent ainsi des canalisations qui facilitent l’infiltration de
l’eau et son stockage. »
LA GESTION DE L’EAU : UNE SOURCE
D’ÉCONOMIES
Parcelles enherbées
Qu’’il soit pratiqué sous les rangs de vigne ou entre eux,
l’enherbement possède de nombreuses vertus : désherbant
naturel, il réduit les stress climatiques, améliore la qualité
des sols, limite leur sécheresse en les protégeant du soleil, Installation d’une station météo connectée
augmente les réserves d’eau, favorise le stockage du carbone…
Dans notre région peut-être plus encore qu’ailleurs, la
« Le stockage de carbone, c’est un stockage de matières organiques gestion de l’eau constitue l’un des enjeux majeurs des
obtenu en limitant le travail du sol, explique Claire Scappini, années à venir. « Le pilotage de l’irrigation est, en effet, devenu
responsable technique de Racine. Ces matières organiques ont une vraie problématique, confie Charlène Janin, responsable
un rôle rétenteur d’eau et restructurant en améliorant l’activité Environnement, Services et Nouvelles Technologies chez
biologique des sols ». Et un sol plus riche, c’est une vigne en Racine. Du fait du réchauffement climatique, nous sommes de
meilleure santé. plus en plus souvent confrontés à des périodes de sécheresse. De
nombreux viticulteurs s’équipent donc de dispositifs d’irrigation, ce
C’est désormais souvent l’enherbement temporaire qui est qui est nouveau dans la région. Il faut alors les accompagner pour
privilégié, semé à la fin de l’été et détruit au printemps, lorsque qu’ils les utilisent en toute efficience ».
les besoins de la vigne augmentent. Trois grandes familles
de plantes sont utilisées : les graminées (seigle, blé, avoine, Cette gestion devient primordiale aussi bien pour les enjeux
orge…), souvent pour démarrer, dont les racines descendent environnementaux que techniques (en effet les réseaux
jusqu’à plus d’un mètre de profondeur ; les légumineuses primaires de la SCP alimentent de plus en plus de parcelles,
(trèfle, luzerne, faverolle, vesce commune…) pour leur capacité il faut raisonner les apports pour assurer la disponibilité de la
à fixer l’azote de l’air ; et les brassicacées (radis, carottes…) ressource pour tous).
pour leurs propriétés drainantes.
Pour maîtriser sa consommation, il faut apporter la quantité
« L’apport de l’enherbement est particulièrement important exacte d’eau au moment où la plante en a besoin, tout en tenant
Le Carré de Racine - Hors-série - 3